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  Journalsemilitteraire

Little Brother (Cory Doctorow)

20 Mars 2013 , Rédigé par Angua Publié dans #Lectures SFF

littlebro-copie-2.jpgMarcus est lycéen à San Francisco. Il a 17 ans, a aimé les GN avant de passer aux ARG, mais surtout, c'est un mordu d'informatique, de cryptographie, et de contournement de systèmes de sécurité en tout genre, ce qui est bien pratique pour s'éclipser du lycée sans se faire repérer.

Pour un rendez d'ARG, par exemple. Mais le hasard fait que ce jour-là, quand tout le monde le croit sagement en étude, il est dans la rue quand le Bay Bridge s'effondre sous le coup d'un attentat. La malchance fait qu'il est assez malin pour entraîner ses amis à l'extérieur de la station de métro bondée avant de mourir piétiné... concours de circonstances qui le rend éminemment suspect aux yeux de la sécurité nationale, et voilà Marcus embarqué dans un camion, attaché, prisonnier, enfermé dans une geôle d'état secrète où il n'a qu'une chose : avouer qui sont ses complices et reconnaître ses activités terroristes.

Ses tortionnaires finissent par admettre l'hypothèse qu'il n'est peut-être qu'un inoffensif lycéen doué de son cerveau. Que les choses soient claires : au premier haussement de sourcil suspect, retour à la case prison.

En parallèle, la ville et le pays traumatisé ne restent pas les bras croisés face à la menace terroriste. Un arsenal de sécurité renforcé se met en place, traquant avec un acharnement maniaque le moindre déplacement, le moindre achat, la moindre connexion, exercice facile avec les puces, caméras et mouchards en tout genre qui nous entourent. Chaque écart à la routine devient étrange et implique arrestation immédiate et interrogatoire, au risque de rendre le quotidien irrespirable au nom de la sécurité.

Traumatisé par son expérience de la prison et par la disparition de Darryl, le vieil ami qui n'en est pas sorti, Marcus décide d'agir et lance un combat qui ressemble à celui du pot de terre et du pot de fer : si les moyens de communication modernes laissent des traces, il sait aussi comment les contourner et diffuser l'information très largement...

 

Et bien voilà, voilà, voilà un putain de bon roman sur les sociétés sécuritaires et la défense des libertés individuelles ! C'est à une réflexion complexe et solide sur le sujet que nous invite Doctorow, à travers un roman addictif, de vrais personnages intéressants qui ne sont pas des caricatures, et surtout une connaissance pointue de la question. Le plaisir de lecture est grand, tandis que le fond, intelligent, est rendu accessible au profane par des explications claires et habilement disséminées sur le hacking, les réseaux et la cryptographie, entre autres.

L'hommage à Orwell est voulu et réussi. Le monde dépeint par Little Brother ressemble suffisamment au nôtre pour que la nausée guette, car rien ne nous sépare vraiment de ce que vit Marcus. Les possibilités de surveillance des faits et gestes de l'individu sont déjà là et la décision revient aux politiques (enfin... ça mérite déjà réflexion) de choisir comment les utiliser.

Le livre se termine avec trois postfaces qui donnent bien envie de gratter plus fort sur le sujet. J'y ai découvert les auteurs des deux premières, Bruce Schneier et Andrew Bunnie Huang (cet étudiant du MIT qui a craqué la XboX, histoire de se détendre, le soir après les cours) et dévoré avec autant d'intérêt celle de Doctorow lui-même. 

 

C'est un ouvrage qui vaut vraiment le détour, un de ces titres qui mériteraient d'exister simultanément en jeunesse et vieillesse (vous connaissez un meilleur nom pour le littérature de "non-jeunesse" ?) pour trouver complètement son public. Bref, je me demande encore comment j'ai pu attendre si longtemps pour lire Doctorow avec ce que j'en savais, entre le numéro 8 de Galaxies et un ami toujours de bons conseils qui se désole de ne pas le voir davantage traduit... ô que je le comprends, maintenant.

 

 

 

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