Deus Irae
En quête de romans post-cataclysmiques, une encyclopédie en ligne bien connue m'a proposé une bibliographie où figurait ce titre (parmi d'autres qui n'avaient pas grand-chose à faire là). Et
puis, visite à la Médiathèque, etc, vous connaissez la suite.
Dans un futur (lointain?) qui pourrait être le notre, la religion catholique s'efface progressivement devant l'évidence: après tout ce qu'Il a envoyé aux hommes, l'évidence s'impose, Dieu est un
Dieu de colère, sans miséricorde. Son fils sur terre, Carleton Lufteufel, serait à l'origine de la dernière catastrophe atomique en date, qui a considérablement réduit le nombre d'hommes vivants
sur terre et engendré bon nombres de malformations, voire de mutations chez les êtres humains.
Un artiste sans jambes ni bras, Tibor, part à la recherche de Lufteufel, encore en vie selon la rumeur. Il a été engagé pour peindre une fresque représentant l'instrument de Dieu sur
terre, et se voit contraint de partir en Pilg, pélerinage à travers la terre désolée qui entoure la communauté réduite à laquelle il appartient...
Le monde dans lequel il voyage devient onirique, parfois à la limite cauchemardesque. Une entité intelligente, vestige informatique des temps passés erre en quête de "nourriture" humaine à
glisser dans un bain d'acide, on appelle "Insectes" des humains sinistrement dégénérés, un ver géant laisse derrière lui une bave hallucinogène...
Je n'avais pas lu Dick depuis mon adolescence et j'ai très rapidement eu l'impression de retrouvailles. Même s'il n'est pas seul à l'origine de ce roman, sa griffe psychédélique est là, et le
doute entre rêve et réalité aussi. Cette frontière ténue me fascinait quand j'étais encore au lycée, retomber dans les oeuvres de Dick me rappelle les interrogations d'alors... Je n'ai plus
l'impression de chavirer ressentie alors, car la découverte n'est plus tout à fait là (et j'en ai lus d'autres depuis, cela joue sans doute), mais un certain sentiment de malaise demeure bien
présent à la lecture. Un malaise qui ne coupe pas l'envie d'aller jusqu'au bout. Juste pour savoir... si la réalité romanesque finit par se laisser toucher.