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  Journalsemilitteraire

Prix des Inco 2009

5 Décembre 2008 , Rédigé par Angua Publié dans #Lectures jeunesse

J'ai lu cette semaine une bonne partie de la sélection du prix des Incorruptibles, destinée aux ollégiens. Voilà des années que j'en entends parler et je ne m'étais jamais penchée sur la question, n'étant pas vraiment fan des prix littéraires en général. Certes, c'est l'occasion de faire du tri, et je me dis naïvement que, peut-être, les élèves qui votent ont un recul différent du notre et que les romans qui obtiennent le prix en valent certainement la peine bien que n'en ayant encore lu aucun jusqu'à maintenant.

Mais bon...
Un prix part d'une sélection, bien pratique pour s'y retrouver, et j'avoue que je suis plutôt perplexe suite à ces lectures. Je me demande sur quels critères elles sont faites, même si j'imagine qu'on essaie d'y mettre de la diversité de genre et de thèmes, ainsi que des sujets dits "de société". J'en ferai sans doute bondir, mais je trouve que la qualité littéraire est globalement très loin d'être au rendez-vous, et que ce que j'ai eu dans les mains n'a pas du quoi réconcilier avec la littérature de jeunesse.

Pour reprendre dans l'ordre de lecture, j'ai commencé par La revanche de l'ombre rouge, de Jean Molla. Pas par hasard, parce que malgré le piètre Duel de sorciers, Molla reste pour moi l'auteur magistral de Sobibor. Il nous propose cette fois un recueil de nouvelles fantastiques des plus classiques, qui m'ont renvoyée à l'époque où, jeune collégienne, je dévorais plusieurs fois les Histoires de fantômes de Roald Dahl. les deux recueils n'ont peut-être rien à voir, mais la petite fille qui est restée quelque part en moi a frémis en retrouvant un sentiment connu. L'impression du "comme à la maison". Un peu plus dérangeante aujourd'hui... car si les textes sont plutôt correctement écrits (c'est toujours Molla, tout de même!), les chutes sont prévisibles et puent dès les premières lignes, et l'originalité est vraiment absente. Oui, je sais "passerelle pour les jeunes", "découverte d'un genre", etc, etc, mais bon, se contenter de ré-écrire ce qui l'a été de nombreuses fois en choisissant un téléphone portable pour élément bizarre... c'était manquer d'ambition à mon avis.
L'ensemble est heureusement rattrappé par un fourmillement de références: Jasper Foorde, Bob Morane, Borges, Maupassant... enfin... finalement, je m'interroge. Références ou résonnances personnelles? Bref, un recueil sympa mais qui m'a fait songé que la parution denouvelles pour la jeunesse a du être bien pauvre l'an passé.

J'ai continué avec le pire de cette sélection, A mort l'innocent, d'Arthur Ténor. Même pas une Bonne Merde. Cliché du début à la fin, dans un manichéisme à la limite du supportable... ou comment faire d'une idée pourtant intéressante une daube, et l'écrivant dans un style presque scolaire. Quand je pense qu'il y a quelques semaines, je m'échauffais au sujet de Marius, face à des collègues formateurs qui se demandaient si leur rôle était bien de parler d'homosexualité, je me dis que cette fois, ce n'est vraiment pas la peine d'y songer. Parce que l'objectif est davantage pour moi d'amener ces chers petits à réfléchir et non à avaler des niaiseries la bouche ouverte. Ils peuvent largement le lire seul, l'aimer, mais je ne me ferai pas complice de l'enfoncement dans les poncifs, à mon avis le meilleur moyen de ne pas défendre la cause gay.







Ensuite, L'échelle de Glasgow, par Marcus Malte, auteur dont je n'avais jamais entendu parler mais que j'irais bien lire ailleurs... Un père raconte une histoire à son fils. L'histoire de deux potes fanas de musique, tandis que le fils en question est plongé dans un profond coma dont on découvre la cause au fil des pages. Si l'histoire des amis est seulement sympathique, le récit cadre, trop bref, a une sobriété qui lui donne beaucoup de force au final, et présente un personnage de père complexe. Une histoire très belle donc, trop courte à mon goût, et au style inégal.
Livre, que, comme celui de Jean Molla, je me verrais bien proposer.




Le dernier enfin, L'étoile de Sagarmatha, de Jean-Marie Defossez. Difficile d'être objective vu mon peu d'intérêt pour les histoires d'amour, mais au moins le texte est écrit dans une langue belle et le narrateur.. hum, un vrai personnage, construit, pensé, enfin! Le premier en cette fin d'après-midi qui m'ait laissé une empreinte!
Ce roman est finalement beaucoup plus réaliste qu'il pourrait y paraître, et pour une fois, ça ne m'a pas gênée. La mort y est traitée avec décence, pudeur  et douleur, l'amour aussi, et le dépaysement est total dans la deuxième partie du livre, il y a bien longtemps que je ne m'étais prise à rêver de grands espaces sauvages à la fin d'un livre. Un vrai bon moment.



Mais pourquoi le bilan qui ouvrait cet article était-il donc si négatif, vous demanderez-vous peut-être.
Parce que malgré les qualités qu'ont au moins trois de ces livres, aucune révélation qui mérite d'être récompensée par un prix à mon avis très humble. J'aime beaucoup la littérature de jeunesse, mais plus j'en lis et plus elle me déçoit, car j'aimerais parfois y croiser un texte fort, de ceux qui emportent réellement et mettent des claques. Comme j'en trouve, certes trop rarement aussi, dans les textes qui ne sont pas estampillés "jeunesse". Des textes où on sent une présence forte, un regard neuf ou présent de la part de l'auteur, un travail de fond... bref, l'émotion Littéraire
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