Lire une bonne merde.
Oh, le vilain titre!
Mais tellement nécessaire...
Je m'en explique. Je lis beaucoup peut-être, de tout, et parfois ce qui me tombe sous la main. Parfois, je m'attends à quelque chose (ça doit être bien, ça doit être ch..., je vais me régaler,
etc, etc). Parfois, non.
Parfois, je cherche volontairement des "choses" décérébrantes. Vous savez, dans ces périodes où le cerveau surchauffe, et où le moindre effort intellectuel a du mal à trouver l'énergie qu'il
mérite? Le mien de cerveau appelle toujours à la lecture, quelles que soient les circonstances. A des lectures légères, de celles qui se lisent sans effort mais jusqu'au bout.
Ou à des lectures qui se lisent avec tant de plaisir que l'effort de tourner les pages est vite oublié. Problème pour cette dernière catégorie: soit, je sais que je vais me régaler parce que déjà
lu (c'est le cas de Pratchett: tjs du bonheur, mais pas de surprise quand je suis en quête en pleine nuit d'un truc nouveau à lire là, tout de suite, maintenant), soit, je ne sais pas que je vais
me régaler parce que pas encore lu. Là, je ne me lance pas.
Et parfois, je tombe par hasard sur un livre qui se lit tout seul et laisse toute forme de réflexion à l'écart. Les vacances du cerveau, pendant lesquelles on pourrait me vendre plein de
Coca.
C'est arrivé la semaine dernière. Au détour des rayons d'un bouquiniste, que trouvé-je? LA Bonne Merde. Celle qui produit cet effet là.
La Bonne Merde (que je désignerai affectueusement par LBM pour la suite de cet article) est un livre qui se lit quasiment d'une traite, en une ou deux heures. L'intrigue est simple, convenue, le
vocabulaire limité à 200 mots, les pages épaisses pour donner l'impression qu'on avance vite dans un bon gros bouquin.
Il y a des tentatives d'orignalité: le nom d'un personnage, d'un démon, des effets spéciaux, mais des repères clairs et indispensables, à savoir des gros méchants bien méchants, de l'ésotérisme
de sous-sol, des gentils pas trop trop gentils sinon ça se verrait.
Là, j'en ai trouvé une excellente. Classée horreur-fantastique. "Pour public averti", annonçait la couverture, prometteuse.
Et je connaissais l'auteur de réputation. Quelqu'un qui m'inspire de la sympathie (peut-être plus encore maintenant), un homme à peine plus vieux que moi, qui a conclu sa quête d'identité
adolescente en choisissant de devenir le Cliché de l'Auteur Gothique Contemporain.
Je ne connais pas assez ce milieu pour savoir si cet objectif est atteint.
Mais pour ce roman, Angemort, pour ne pas le citer, le pari est réussi. Du sang, du sexe, des catacombes, des démons, une punkette, de la magie, des vieux bouquins, des morts qui
renaissent à la vie... tout y est, vous dis-je!
J'ai bien rigolé. Je suis allée au bout. Et j'ai même aimé. Mais à chaque "nouvel" élément (nouveau pour le roman, hein, parce que pour le genre, rien, vraiment rien de neuf sous la soleil), j'ai
pensé: "mais quelle merde!"
Voilà donc ce qu'est une Bonne Merde. Un bouquin ouvert par hasard dans ce cas précis, dans lequel j'ai pris du plaisir, mais que je ne relirai jamais. Parce que vraiment...