Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
  Journalsemilitteraire

Freaks (Antoine Mottier, Jeanne-A Debats, Nicolas Fructus & Sylvie Denis, préface de Sara Doke)

28 Février 2018 , Rédigé par Angua Publié dans #Lectures SFF, #Lectures curieuses, #SFF, #ChallengeABCImaginaire2018

Un projet photographique et trois nouvelles entre fantastique et SF pour le ponctuer, voilà comment on pourrait présenter cet ouvrage. Il m'a sortie de ma zone de confort et déroutée dans un premier temps, à part en BD, j'ai une lecture textuelle linéaire, et, à chaque page tournée, je me suis trouvée interrompue malgré moi pour glisser mes yeux sur les photos, et alors que je m'assois pour en parler, je m'aperçois que je suis incapable de l'aborder comme n'importe quel autre recueil.

 

Les nouvelles, tout d'abord.

"La dernière tue", de Jeanne-A Debats, nous envoie dans un futur proche où trois mômes partent en goguette en train, envoyés en mission par la bande à laquelle ils appartiennent. Le train s'immobilise brièvement avant l'arrivée à destination, et les trois loustics descendent dans un coin oublié malgré la mise en garde d'une femme qui passait par là. Ils trouvent refuge dans un château étrange, dans une pièce où s'accumulent photographies et montres. L'étrange est à son comble quand le lendemain matin ils veulent boire un café dans un bar où personne ne semble les voir, ni les entendre...Une belle nouvelle qui bascule du fantastique vers la SF, avec une touche de physique quantique et de petit village verdoyant.

"Au bord du monde", de Nicolas Fructus commence face à la photo d'un photographe (coucou ;o) !) pour justement nous raconter l'histoire d'Anton, freak parmi les freaks, derniers vivants dans un monde d'où les hommes ont disparu. Un texte étonnant, mythologique, presque surréaliste. On pourrait y être face à des divinités qui s'accordent de l'état du monde et finissent par s'ennuyer, mais hésitent quand on leur propose un nouveau crépuscule des Dieux. Qui risquerait tout de même de se présenter, Anton se plaisant à saisir l'image de l'attente, à capturer le vide de la vie.

La dernière, et ma préférée, "Quand ils arrivent en ville" de Sylvie Denis, imagine une enclave où vivent les membres d'une secte au sein de laquelle Hermione a grandi, enclave qu'elle rêve plus ou moins consciemment de quitter. On comprend qu'élever des murs n'est pas qu'une mode locale, et que l'ambiance n'est pas d'accueillir à bras ouverts son prochain quand Hermione et ses amis surprennent la conversation de gardes qui ont repéré l'installation de tentes de l'autre côté de leur clôture.Grâce aux conseils d'Hermione, le groupe de migrants parvient à entrer dans l'enclave... et elle découvre ce qui en fait des parias, des êtres à la fois beaux et inquiétants.

Ces textes ont en commun une ambiance étrange, inquiétante justement, induite et renforcée par les photos en noir et blanc qui mettent en scène une galerie de portraits rappelant les freaks exhibés de foire en foire. Tous ont des fins sombres et des personnages qui semblent s'incarner dans les visages photographiés... un mélange inhabituel, déroutant mais réussi, où l’œil va et vient entre mots et images et oblige le lecteur à recommencer, revenir en arrière, feuilleter, chercher ou trouver le détail qui construit cette atmosphère si particulière...

 

PS : Et un de plus pour le ChallengeABCImaginaire, un !

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article