Cri primaire (ou comment je vais venir à bout des Confessions)
Depuis de nombreux mois, ma décision était prise.
Cet été, j'avais prévu un genre de vacances idéales. Moi, mon bureau, mes bouquins. Surtout ceux dont la lecture était repoussée depuis des mois. Et puis, redonner un peu de vie à ce blog aussi, vu que si je n'y écris quasiment plus, ce n'est pas faute de lire. Et puis, un petit millier d'autres projet, le tout fortement contrarié par le fait que les journées s'acharnent à ne contenir que 24 heures. Autant dire que si mon temps de lecture a réussi à augmenter, cela reste dans une proportion bien modeste...
Mais ce soir, vraiment, j'ai besoin de me remettre à blogguer. L'idée me taraude de plus en plus fort ces derniers jours, et me revoilà donc, avec un nombre de sujets à aborder beaucoup trop ambitieux pour ce soir, étant donné que je suis aussi décidée à dormir un peu cette nuit.
Oui, ce soir, il y a une urgence absolue. Un besoin de hurler.
Un certain Jean-Jacques. Pas ce petit con de Jean-Jacques, mais presque. Le satané Rousseau, de Jean-Jacques.
Notez le sourire innocent... il aurait presque l'air sympathique sur ce portrait.
Un peu comme si j'étais organisée, une velléité agrégative m'a à nouveau happée cette année, et l'homme est au programme. Pour les six premiers livres, très exactement, mais vous vous doutez qu'aller au bout de la chose est dans la catégorie "indispensable". Je suis donc bien décidée à en venir à bout.
Et de profiter de ce blog pour faire un premier bilan. Totalement subjectif et éminemment salutaire.
Au début, tout va bien. Les premiers livres (lus à une lointaine époque de fac) passent tout seuls, j'y attendais presque avec impatience les passages étudiés des dizaines de fois, la candeur naïve du jeune Jean-Jacques a presque un côté touchant qui fait pardonner ses lamentations hypocondriaques et ses tendances à la paranoïa encore vagues.
Puis, il vieillit. Arrive le livre cinq, l'amour charnel ENFIN consommé avec Mme de Warens, le charme bucolique de la bonne vie au grand air, où on se surprend à se dire que tout ça mérite de lire l'Emile sérieusement un jour. Bien sûr, comme il nous en avait prévenus, le tout finit mal, et le voilà sur le départ par Paris.
Début du livre VII. Je me réjouissais de l'attaquer et de voir surgir Diderot et toute la clique des Encyclopédistes, de lire la vie parisienne du XVIIIe, bref, de réviser mon histoire littéraire à travers le prisme du pauvre Jean-Jacques ! avec qui le monde allait devenir si méchant.
J'en suis maintenant au dixième.
Pour tout un tas de raison (la moindre n'étant pas que mon ebook tient dans mon sac et que j'ai eu beaucoup, beaucoup d'occasion d'attendre aujourd'hui), j'ai lu 60 pages aujourd'hui. OMFG. Je n'en peux plus !!!! Mais qu'il arrête de vouloir à tout prix prouver et démontrer qu'il est innocent comme l'agneau ! Le résultat de l'accumulation du détail de ses querelles, de la reproduction des billets et lettres échangées, de la grande innocence de son coeur n'a réussi à prouver qu'une chose.
Jean-Jacques, tu es absolument et complètement insupportable. Et Diderot, pour ne citer que lui, a été sacrément patient avec toi.
Ah, je les aurai, ces Confessions, j'en arriverai à bout. Il est hors de question que je m'avoue vaincue par quelqu'un
d'aussi prétentieux, et surtout, je me vexerais en n'allant pas au bout d'un tel classique... quand bien même je comprends parfaitement pourquoi les auteurs du programme de l'agrégation aient
choisi d'arrêter la partie à étudier aux six premiers livres. Non, au-delà, ce n'était plus un concours d'enseignement, mais une véritable déclaration de haine.