L'Atlandide (Pierre Benoît)
En plein confinement, alors que la liste des choses lues et appréciées est longue comme le bras depuis mon dernier passage ici, c'est pourtant de ce roman dont j'ai envie de parler.
Une vieillerie écrite en 1920, découverte par une édition reliée sur laquelle je suis infichue de remettre la main. Mariage idéal avec un tel titre. Voyant passer ses louanges, sa version poche s'est rappelée à mon bon souvenir et la période faisant que j'ai besoin de pauses, de vraies, même avec des thèmes qui me sont chers, je me suis plongée dans cet étrange roman.
"Etrange", peut-être pas tant que ça. Mais loin de mes zones de confort.
1903. Ambiance coloniale un peu étouffante, dans un poste algérien aux portes du désert. Un capitaine français, Saint-Avit, le rejoint et raconte son étrange histoire au lieutenant qui tenait les lieux dans l'attente d'un supérieur.
Quelques années plus tôt, Saint-Avit est rentré de mission avec l'aveu d'un crime commis durant celle-ci : il a tué son compagnon de route, Morhange. L'armée a passé outre, les circonstances restant obscures. En effet, Saint-Avit a été retrouvé à demi-mort dans le désert, racontant une histoire improbable dans son délire de moribond.
A son nouveau compagnon, il raconte son histoire. Il est bel et bien meurtrier, et des années plus tard, le souvenir des événements le hante. Non par remords, mais pour celle qui l'a poussé à l'impensable : Antinéa, souveraine d'Atlantide, dernière descendante du peuple atlan, vivant à l'abri de tous et de tout en plein Sahara. Nul ne peut oublier sa rencontre une fois qu'il l'a vue, ni résister à la passion qu'elle inspire et met au service de son projet : venger les femmes des hommes. Qui a connu l'amour d'Antinéa est condamné.
Il y a quelque chose de désuet et d'étouffant dans ce roman. J'aime l'ambiance des grands mystères, des explorations incertaines en pays inconnus, et l'âge de ce roman (centenaire) lui apporte un charme suranné qui peine néanmoins à faire oublier l'ambiance coloniale du récit cadre. Entrée dans le texte pleine d'a priori (j'avais une envie de cité merveilleuse... raté), j'y ai trouvé autre chose que l'émerveillement attendu. Antinéa est un personnage digne des plus grands romans d'horreurs et ce texte m'inspire bien des interrogations : misogynie profonde ? image d'émancipation ? Je suis incapable de trancher.