Jusqu'ici tout va bien (Gary D. Schmidt)
Lecture de vacances, de celles possibles quand on a peu de calme et de temps de silence pour s'immerger vraiment dans un texte.

Fin des années 60. Doug vit avec son frère, délinquant notoire, et ses parents, une mère douce et aimante et un père ultra-violent, dans l'absence d'un ainé parti au Viet Nam. Son père, qu'on pourrait classer dans la famille des Connards Imbuvables, perd son travail et contraint la famille à déménager à Marysville, petite ville au nord de New York. Dans la chaleur des vacances estivales, Doug découvre fait la connaissance de Lil, la fille de l'épicier du coin et découvre par hasard la bibliothèque municipale où s'expose chaque semaine le dessin d'un naturaliste. Aussitôt, c'est la révélation : un simple oiseau, dessiné sur une page ouverte lui procure le grand frisson et lui ouvre les portes d'un nouvel univers...
La vie est rude chez Doug, qui la raconte à la première personne dans un style vivant et riche en implicite. Chez lui et au collège aussi, où la réputation de son frère, fraichement soupçonné de cambriolage, le précède, tandis que les professeurs le jugent d'emblée comme un élément nocif. Il veut nous donner l'air de s'en moquer, mais Doug a plus de clairvoyance et de sensibilité qu'il ne le laisse croire, et les nerfs aussi solides pour affronter ses prochains peu charitables.
Une énième chronique de l’adolescence américaine dans les années 60, avec toute la délicatesse que le genre peut avoir. Au milieu de personnages esquissés, se dégagent des caractères forts, comme celui de cette autrice en marge du monde, ou Doug, décidément bien résilient, et dont le ton fait la saveur du roman. Encore une fois, les horreurs du réel m'ont fait grincer, mais l'art de l'auteur consiste ici à ne point trop en faire et à choisir les mots et les situations justes, transparentes pour le lecteur sans tomber dans le pathétique. Oui, une lecture de vacances.