Le Reich de la lune (Johanna Sinisalo)
Ô qu'en voilà de la bonne !

J'ai un souvenir fort de Jamais avant le coucher du soleil, une histoire peu ordinaire de relation malsaine entre un homme et un troll, et, allez savoir pourquoi, je n'ai pourtant pas suivi de près les autres publications de Johanna Sinisalo.
La narratrice fait partie des nazis installés sur la face cachée de la lune à la fin de la seconde Guerre Mondiale. Renate vit dans ce monde aseptisée et plein d'espoir, où chacun sait qu'un jour les nazis récupéreront la Terre qui leur revient et que l'ordre mondial sera enfin établi conformément à leurs idées. Dans la plus pure tradition de la dystopie, endoctrinement et manipulations sautent aux yeux du lecteur, avec un humour grinçant et délectable.
Dans la forteresse de la croix Gammé, les couples sont mariés si leur union est génétiquement compatible. Klaus Adler, séducteur né, s'intéresse de près à Renate qui prête à peine attention à ses avances, prise dans sa passion pour la planète Terre. Le jour où un envahisseur arrive dans une fusée et est fait prisonnier, il fait donc appel à elle, et quand il est question de se rendre sur Terre, Renate compte bien ne pas être laissée de côté...
Je n'ai pas vu Iron Sky (lacune que je compte rapidement réparer), duquel ce roman s'inspire fortement. Et pour cause : l'auteur fait partie de l'équipe du film. Je tiens à la préciser, vu que tous ceux à qui j'ai vanté les mérites du Reich de la lune m'ont répondu d'un air blasé qu'il y avait déjà un film sur le sujet... ^^
En tout cas, il y a longtemps que je n'avais pas autant ri avec un roman, qui pourtant ne raconte finalement rien de comique : l'humanité est quand même globalement à jeter, immorale, intéressée, et le personnage aveuglé de Renate d'une naïveté toute conditionnée. Et puis, la fin... délicatement préparée par les allusions de Renate, dans une narration sous forme de journal, arrive comme un pied de nez aux conclusions de nombre de dystopie. Une lecture jouissive.