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  Journalsemilitteraire

Les ballons dirigeables rêvent-ils de poupées gonflables ? (Karim Berrouka)

12 Mars 2013 , Rédigé par Angua Publié dans #Lectures SFF

ballons.jpgJe l'attendais, mais si vous saviez comme je l'attendais, ce recueil de Karim Berrouka ! Il me fallait au moins ce prétexte pour approcher l'homme. Face à qui je me suis retrouvée dans un état inédit, qui mélangeait à la fois la fanitude de mon Moi de 16 ans (je la croyais partie, elle était juste planquée), la gêne de la lectrice qui n'a pas encore lu ce qu'elle se fait dédicacer (et ne connait pas l'auteur, et ne sait pas quoi lui dire, à part qu'elle est curieuse de le découvrir), le tout au lendemain d'une semaine d'émotions extrêmes. Bref. Je trépignais depuis des mois à l'idée de rencontrer l'auteur, mais les événements qui ont précédé m'ont rendu incapable de profiter de cette rencontre tant attendue.

 

Mais du coup, c'est finalement le nouvelliste que j'ai découvert ! Et au moment de parler de ce recueil, je m'aperçois que cette lecture a été bien particulière. Inconsciemment, résonnaient des Guerriers Baluba et des Allumés de Krishna, en BO de dizaines de souvenirs de ma jeunesse rebelle.

 

Tiens, parlons de Eclairage sur un mythe urbain : la Dame Blanche dans toute sa confondante réalité, une bien réjouissante nouvelle, où d'étranges auto-stoppeuses montent avec des chauffeurs qu'on ne rêve pas de connaître (sauf dans le cas de Lionel et Jacques, peut-être parce qu'ils auraient quelques points communs avec certains acteurs des souvenirs sus-mentionnés... point trop n'en faut non plus, des comme ça). Le salopard libidineux, coincés intégristes et joyeux furieux, donc, devraient mal finir, on ne présente plus le rôle funeste d'une Dame Blanche. Mais, allez savoir ?

Nous voilà exactement dans la tonalité que j'aime (et dont mon moral avait bien besoin). Des personnages caricaturaux, du n'importe quoi dans le dialogue, une pure madeleine en ce qui me concerne.

 

Les autres textes m'ont beaucoup moins donné cette impression de retrouvailles, qui était clairement ce que je cherchais même si je refusais de me l'avouer. La bonne nouvelle, c'est que je les ai quand même appréciés.

Celui qui m'a peut-être le plus marquée est le premier, L'histoire commence à Falloujah. En pleine guerre, une femme est réfugiée dans une cave grâce au mystérieux Fadi. Un texte beau et poétique, davantage pour le récit en lui-même que pour les poèmes qui s'y intercalent, une histoire de mort et d'espoir. La symétrie avec Le Cirque des ombres, qui clôt le recueil, n'a fonctionné qu'en partie avec moi. Une atmosphère onirique proche, une métaphore de la mort aussi, mais... l'ensemble m'a paru plus abscons.

 

Le siècle des lumières est un joli conte où un enfant, dans un monde en grande partie détruit par une guerre inter-espèces, libère une fée, lesquelles sont esclaves des humains quand elles sont leurs captives. Le duo envisage alors une utopique réconciliation, sur une fin qui laisse pensif, non sur l'histoire, mais sur le dénouement qui pourrait s'ensuivre et ce qu'il représente dans notre réalité. Ce n'est pas la seule nouvelle qui prenne le conte pour source d'inspiration ici. Non, pas de crapaud ni de princesse (salaud), mais Jack et l'homme au chapeau, ce dernier visiblement décidé à voir l'histoire se dérouler comme le veut la tradition. Ce qui serait mal connaître le jeune paysan. Un morceau sympathique lui aussi, largement agrémenté de références en bas de page, qui auraient dû mettre la puce à l'oreille du chapeauté. C'est vrai quoi, s'il avait lu Jack et les trois gros boeufs gras vont en boite à Malaga, ou Jack et les trois princes-crapauds font sauter la banque à Monaco, il y aurait réfléchi à deux fois avant de se mêler des affaires de Jack.

 

Finalement, Dans la terre est le seul texte clairement SF de l'anthologie. Une bien belle réussite que j'aurais du mal à développer sans la déflorer complètement.

 

Pour conclure ? Reste à télécharger les recueils numériques du même chez ActuSF. Je me demande si je serai capable de les lire au même titre que ceux de quelqu'un d'autre, mais tant que le plaisir est là, je ne vais pas cracher dessus.

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