All Clear, et vague retour sur Black Out (Connie Willis)
Il semblerait que je n'aie jamais parlé sérieusement de Connie Willis ici... c'est fâcheux, très fâcheux ! Heureusement qu'arrive le moment de réparer cette erreur !
Ce qui risque de se faire avec moult spoilers, toutes mes excuses arrivent par avance.
Pour mémoire, Connie Willis est un auteur qui a déjà reçu 7 Nebula et 11 Hugo. Oui, je sais, il y a des râleurs sur la valeur à accorder aux prix, mais excusez du peu. C'est un auteur que j'ai toujours lu avec un plaisir immense, renouvelé ici.
Black Out et All Clear sont les deux parties d'un seul et même roman, Blitz. Les historiens d'Oxford, en 2060, sont des habitués de l'enquête sur le terrain, le voyage dans le temps étant maitrisé depuis belle lurette, comme l'avaient déjà montré les délectables Sans parler du chien (mon préféré) et Le Grand Livre.
Cette fois-ci, Polly, Mérope et Michael sont partis étudier la seconde guerre mondiale. Mérope, devenue Eileen pour l'occasion, se penche sur les enfants pendant la guerre (rencontrant ainsi les affreux Hodbin dans un domaine recyclé en pensionnat), Polly se plonge dans le Blitz en devenant vendeuse dans un grand magasin, tandis que Michael se plonge dans la bataille de Dunkerque. Et... l'impensable a lieu. Les points de saut censés les ramener ne fonctionnent plus comme prévu. Michael, blessé à Dunkerque, n'est pas immédiatement rapatrié comme l'aurait vu l'habitude...
Voilà un point de départ bien classique pour une histoire de voyage temporel. Qui n'est, en réalité, pas l'objet du roman. Blitz a laissé perplexe plus d'un lecteur de SF (si je les retrouve vite, j'ajouterai des liens à cet article) car la question science-fictive n'est pas au cœur du roman. S'il fallait le ranger dans un case, je parlerais plutôt de roman historique à vague coloration SF, que je remercie vraiment de m'avoir mis Blitz dans les mains. Par moi-même, il y a peu de chance que je me plonge dans un roman qui a pour fond la 2e GM, et c'est pourtant ce que fait l'auteur ici, de manière extrêmement précise et documentée, grâce aux personnages que nous suivons sur près de 1200 pages. Le ton parfois léger des historiens, arrivés en simples spectateurs contraste avec la violence des bombardements, mais... mais cette vision nouvelle de Londres en 1941 (et de l'Angleterre, et de Dunkerque entre 1940 et 1945) fait de ce texte autre chose qu'une énième histoire de héros du quotidien en période sombre.
Connie Willis construit comme elle sait si bien le faire plusieurs fils d'intrigue, suivis par des personnages furieusement attachants au fil des (centaines de) pages. Elle joue avec le pathos pour mieux réussir à nous frémir et rendre un magnifique hommage à la Résistance et au courage britannique, dont elle donne peut-être une vision idéalisée. N'est-elle pas logique, car vu à travers les yeux des protagonistes venus la chercher ?
Faire sourire avec la guerre est possible, l'auteur l'a fait. Mais je ne la remercie pas pour autant : All Clear, au lieu de venir à bout de vilaines insomnies, m'a obligée à tourner des pages jusqu'à des heures indécentes.
Pour conclure, quelques avis : mitigés ( blog-o-livre et encore blog-o-livre, le Dragon galactique, SBM ) pas séduit du tout (le Traqueur Stellaire), aussi contents que moi ( Lelf )
PS : Je suis une flemmarde de la recherche, mais si je ne vous ai pas cités alors que vous évoquez l'un, l'autre ou les deux romans, dénoncez-vous, je vous ajoute avec plaisir !